Aujourd'hui, impossible pour moi d'oublier que j'habite à quelques encablures du stade principal de Varsovie, le bien nommé "Stadion Legii" (puisque c'est là que joue l'équipe locale, la Legia).

Tout l'après-midi, un hélicoptère a survolé le quartier, comme si Shimon Peres traînait encore dans le coin.

Vers 15h, j'ai sursauté en entendant un concert de sirènes de police - pourtant je devrais être habituée maintenant, le commissariat est le plus bruyant de mes voisins. Juste après, des chants guerriers retentissent dans mon appartement. Je pointe le nez à ma fenêtre et je vois passer en bas de chez moi trois bus à rallonge (contenance polonaise en heure de pointe: 500 personnes) remplis à ras bord de supporters chantant à tue-tête. Le reste du convoi est composé d'une quinzaine de camionnettes de police et d'un gros engin de type anti-émeute...

Tout ça pour encadrer le match Legia - Wisła Kraków (j'imagine que c'est l'équivalent d'un PSG-OM).

Mais le plus important évidemment, c'est que Varsovie ait gagné 2 buts à 1 (malheureusement la seule personne que je connaisse à Cracovie n'en a rien à faire du foot, donc que je ne pourrai même pas le faire bisquer...)

Et pour ceux qui s'étonneraient que même en habitant près d'un stade, je me contente d'un Igor virtuel, voici quelques spécimens de Polonais typiques: L, au moins ceux-là savent lire... peut-être, il faisait 20° aujourd'hui...

Trop facile à comprendre le polonais

Depuis quelques années, la Pologne se bat contre la corruption au sein de ses administrations. Il faut dire qu'il y a à faire; au moment de son adhésion à l'union européenne, c'était le pays le plus corrompu des 10 nouveaux...

Alors l'ancien premier ministre (le jumeau diabolique) avait créé un organe de lutte contre la corruption. Ca s'est révélé plutôt efficace puisqu'on entend parler assez fréquemment de nouveaux scandales. Un des derniers en date concerne le monde du football: en quelques mois, des poursuites judiciaires ont été lancées contre 120 personnes, impliquant une trentaine de clubs. Un ancien international polonais, Dariusz Wdowczyk, a été inculpé de corruption fin mars. En décembre, dix-sept personnes, dont des arbitres et des responsables de la PZPN (fédération polonaise de football), ont été condamnées à des peines de prison avec sursis. Quatre clubs de première division, reconnus coupables de corruption lors de la saison 2004-2005 du Championnat de Pologne, ont été relégués en 2e division à partir de la saison prochaine. Et finalement le président de la fédération a démissionné en s'excusant de ne pas avoir réagi de façon adéquate.

Mais depuis hier, une nouvelle affaire fait parler d'elle: Les services juridiques du parquet de Varsovie mène une enquête préliminaire à propos d'une affaire de corruption au sein du centre anti-corruption...

Pourri jusqu'à la moelle...

Puisqu'on m'a posé la question, laissez-moi vous présenter Igor.

On voit qu'il n'est pas très bien adapté au climat polonais puisqu'au moment de la photo il me disait de prendre mon parapluie alors que dehors le ciel était uniformément bleu.

PS: j'ai du un peu flouter la photo pour préserver son anonymat...

Aujourd'hui Varsovie commémore l'insurrection de son ghetto le 19 avril 1943 et il y a un homme dont on parle particulièrement ces jours-ci: Marek Edelman, le dernier commandant de l'insurrection et le dernier insurgé vivant en Pologne.

Alors que la plupart des juifs du ghetto ont préféré opposer leur dignité à la barbarie nazie en se dirigeant vers la mort la tête haute, quelques centaines d'hommes et de femmes ont décidé de résister avec les quelques armes fournies par la résistance polonaise. Parmi eux, Marek Edelman qui succédera à Mordechaï Anielewicz dans le rôle de commandant.

"Le soulèvement était voué à l'échec. C'était un geste symbolique pour une meilleure reconnaissance aux yeux du monde."

"Nous nous battrons pour que, de l'autre côté du mur, on entende que nous sommes vivants."

Après presque un mois de combat (et non pas 3 jours comme écrit dans l'article du monde), il ne seront qu'une quarantaine à survivre en s'échappant par les égouts.

L'année suivante, Marek Edelman participera également au soulèvement de Varsovie.

Cet homme qui refuse d'être qualifié de héros aura pourtant participé aux plus grands événements polonais de l'après-guerre. Il est resté en Pologne lors de la campagne antisémite de 68. Il est devenu délégué du syndicat Solidarnosc en 81. Il a été incarcéré 5 jours lors du coup d'état du général. Il a été élu député de 89 à 93. Cardiologue réputé, il est à l'origine de la première transplantation cardiaque polonaise et travaille toujours à l'hôpital de Lodz (à 89 ans!).

Mais Marek Edelman est également connu pour son "mauvais" caractère. Mardi, alors que Shimon Peres se trouvait à Varsovie pour les cérémonies officielles (exceptionnellement avancées car le 19 est un samedi), Marek a refusé de participer aux commémorations (il a tout de même accepté de rencontrer bernard Kouchner pour recevoir les insignes de Commandeur de la Légion d'Honneur). Comme chaque année, il aura préféré aller se recueillir tranquillement sur le monument aux héros du ghetto en milieu de journée alors qu'une sirène retentissait dans tout Varsovie.

Y'a des fois, on est de bonne humeur, on sait même pas pourquoi...

Et comme on est vraiment de bonne humeur, on en rajoute une couche en regardant un "petit" film québécois (la grande séduction). On prend le risque de téléphoner à ses parents (en évitant de tomber pendant une réunion de famille, ça file le cafard) et on ne regrette pas parce qu'un jour après, on en sourit encore de leur "Et maintenant, on écoute une radio polonaise par internet...".

Et en cerise sur le gâteau, on tombe sur cette photo sur le net...

Ah, Igor me souffle à l'oreille que mon état n'est pas dû à des émanations euphorisantes venues d'on-ne-sait-où mais plutôt au fait de ne plus trop être malade après 10 jours à alterner sinusite-rhinite-bronchite...

Y'a sans doute de ça....