• Alors, ces drapeaux ? C'est vrai qu'ils sortent assez souvent et qu'à chaque fois je me demande " qu'est-ce qui se passe encore ? ". Mais cette fois, c'est du gros. C'est même assez impressionnant pour moi la façon dont Varsovie met en valeur son passé ces jours-ci, alors qu'en temps normal, on a l'impression que rien n'est encore digéré, que tout cela reste assez tabou.

    Soyons concret et pédagogue (on se change pas) :

    Aujourd'hui 1er Août, c'est le 63è anniversaire de l'insurrection de Varsovie. Non, non, pas du ghetto que tout le monde connaît, mais bien de la ville toute entière.


    En juin 44, les résistants de Varsovie (AK), voyant les Russes progresser vers l'ouest et passer l'ancienne frontière polonaise, décident de reprendre seuls leur liberté avant de la devoir aux soviétiques. Le 1er Août, à 17h (" godzinna W " : heure W), le soulèvement commence. Il va durer 63 jours.

    L'essentiel des combats se déroulent dans le centre, la vieille ville et le quartier Wola (ouest du centre). Le nom de ce quartier restera d'ailleurs associé au massacre du 5 août au cours duquel 40 000 civils sont exécutés par les Allemands.

    Un autre épisode mythique est l'évacuation de la vieille ville le 2 septembre, qui se fera par les égouts. Aujourd'hui, le point de sortie est mis en valeur par la présence de deux plaques commémoratives.

    Evidemment les combats sont très inégaux : Les Allemands disposent d'une artillerie lourde, les insurgés sont équipés bien plus légerement. L'armée rouge, elle, attend bien sagement de l'autre côté de la Vistule, se contentant d'empêcher les alliés d'utiliser les terrains d'aviation à proximité. Ceux-ci se retrouvent dans l'obligation de parachuter les armes et munitions de soutien. Malheureusement, celles-ci n'atterrissent pas toujours entre les bonnes mains.

    Finalement, le 2 octobre, les insurgés capitulent en constatant que les soviétiques ne sont pas seulement passifs mais véritablement hostiles au soulèvement.

    Les Allemands vident la ville de ses habitants et sur ordre d'Hitler -qui veut rayer Varsovie de la carte du monde- détruisent et brûlent méthodiquement tous les bâtiments.

    Finalement en janvier 45, l'Armée russe traverse la Vistule et " libère " la ville. Les habitants reviennent doucement et commencent à reconstruire la ville.


    Côté polonais le bilan est lourd : Les pertes s'élèvent à 18 000 soldats tués, 25 000 blessés, entre 120 000 et 150 000 civils tués, 520 000 ont été chassés de Varsovie.. La ville est détruite à plus de 85%.

    Du côté allemand 17 000 soldats furent tués et 9 000 blessés.

     

    Pour ceux que ça intéresse, depuis quelques années le musée de l'Insurrection retrace toute cette histoire de façon très (trop) détaillée. Si vous êtes à Varsovie, je vous conseille vraiment d'y aller, prévoyez juste quelques heures pour faire la visite. Si vous n'avez pas l'intention de prendre l'avion pour venir me voir, le site internet (malheureusement principalement en polonais) vous permet tout de même de vous mettre dans l'ambiance à l'aide de photos ou de films.

    N'ayant assisté personnellement qu'à la principale cérémonie commémorative, travaillant à Praga à 17h, j'ai raté le concert de sirène pour marquer l'heure W. Je vous invite à lire les réactions d'Elise pour vous faire une idée de l'état d'esprit de la journée.

     

    Voilà. J'ai sûrement oublié d'écrire beaucoup de choses, il y a tellement à dire. Mais je répondrais avec plaisir à vos questions s'il y en a, elles me permettront de compléter.

    J'ai rajouté des photos à gauche...

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    Ma bonne résolution de cette fin de mois de juillet : profiter plus de la vie culturelle de Varsovie (je suis dans une capitale européenne, que diable), pas seulement des monuments ou des manifestations populaires comme le théâtre de rue, mais aussi les expositions artistiques, Varsovie étant aussi réputée pour ses nombreuses galeries.

     

    Alors aujourd'hui je suis allée voir l'exposition temporaire Mucha au musée national.

    D'ailleurs j'y suis même allée deux fois, avant et après mon cours. Mais futée comme je suis, je n'ai payé qu'une fois (17PLN quand même). En fait, le samedi, l'entrée au musée est gratuite sauf pour l'exposition temporaire. Concrètement, on achète son billet, on passe le portique de sécurité où le billet est déchiré puis on rentre dans la musée puis dans les salles Mucha où un gardien contrôle à nouveau les billets. La deuxième fois, il suffit de passer le portique en signalant qu'on ne va pas voir l'expo temporaire, puis une fois dans le musée on fait ce qu'on veut si on a gardé le billet de la visite précédente. Ça explique qu'à la sortie du musée, il y ait quelques personnes demandant des billets usagés. Pour ma part je n'avais pas du tout l'intention de gruger mais je n'ai pas eu le temps de tout voir le matin. En plus je voulais acheter quelques cartes postales et donc je revenais surtout pour ça.

    J'ai fait la queue au comptoir du magasin - fonctionnement à la polonaise : un seul vendeur et les clients ne peuvent pas se servir seuls. Résultat : en ¼ d'heure je n'avais avancé que du tiers de la file. Je ne suis pas polonaise, je n'ai pas dans le sang l'habitude d'attendre pour donner mon argent, alors finalement je suis allée voir la deuxième partie de l'expo et une partie de l'expo permanente. En repassant devant le comptoir une demi-heure plus tard, les personnes qui me précédaient dans la queue étaient justement en train de payer. Pas de regret, les cartes je pourrai les trouver ailleurs.

     

    L'expo en elle-même était vraiment bien. J'étais surprise de découvrir les autres styles de Mucha, en particulier ses pastels ou ses crayonnés. Moi je ne connaissais que ces dessins de l'époque Art Nouveau, en particulier ceux utilisés dans les réclames pour Lefevre-Utile. En fait dans le même genre, il a fait aussi des affiches de théâtre et des séries thématiques (les saisons, les mois, les fleurs, les pierres précieuses...). Pour moi qui aime bien le principe des exercices de style, c'était vraiment intéressant. Dommage ça se finit demain, mais j'irai faire un tour au musée officiel quand je retournerai à Prague.

    Si vous ne connaissez pas Mucha, voici quelques infos et quelques œuvres (ici c'est pas le plus beau site, mais c'est celui avec le plus d'images)

     

    Edit: finalement, face à la menace de passer par la fenêtre, mon appareil photo a bien voulu me montrer ce qu'il avait encore dans le ventre, ce qui me permet de mettre enfin cette peinture de Mucha comme illustration. C'est La Lune, issue de la série Les Etoiles...

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    Pour quelques jours encore et ceux qui sont à Varso, une petite expo sympa à l'institut français. Des photos de Laurent Déjente qui vous font perdre le sens de l'orientation.

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  • Tryo; Désolé pour hier soir 

     

    Comme toujours depuis quelques mois, la Pologne fait parler d'elle et comme (presque) toujours, ce n'est pas en bien.

    Au programme de la dernière semaine, deux faits divers sordides.

    Le premier s'est passé en Pologne, à Zabrze, une ville située dans le Sud. Un nouveau-né est venu au monde totalement ivre. 12 heures après sa naissance, il avait encore 1,2 gramme d'alcool dans le sang, ce qui correspond, pour un adulte, à la consommation d'une bouteille de vin ou de deux litres de bière. Il a été placé en soins intensifs mais les médecins craignent des lésions irréversibles au cerveau. Ses cinq frères et sœurs ont été confiés à la garde de leurs grands-parents.
    Le deuxième s'est passé en France, dans les Alpes. Deux chauffeurs routiers polonais se sont arrêtés pour le week-end comme le veut la législation. Et quelle meilleure façon de patienter que de boire quelques verres d'alcool (en fait de la bière et au moins un litre de whisky chacun) ? En fin de soirée, leurs collègues, des Polonais et des Lituaniens, les ont allongés afin qu'ils puissent "cuver". Mais les deux hommes ont sombré dans le coma et sont morts malgré les tentatives de réanimation.

    Je sais vous aller me dire : " normal, ce sont des polonais... et ne dit-on pas saoul comme un polonais ? "

    Oui, on dit ça et c'est vrai que c'est facile de trouver dans la rue un Polonais un peu trop alcoolisé. Mais en fait, il paraît que ce n'est pas pire qu'ailleurs. Et pour leur défense, il semblerait qu'à l'époque du communisme, il était plus facile de trouver de la vodka que du jus de pomme (c'est dommage les deux vont tellement bien ensemble). Et vous savez bien que c'est difficile de perdre ses habitudes.

    Et pour votre confiture/culture générale, l'expression " saoul comme un Polonais " est peut-être très péjorative aujourd'hui, mais à l'origine c'était tout le contraire. Elle nous vient de Napoléon, grand héros national polonais. En novembre 1808, en Espagne, lors de la charge du défilé de Somo-Sierra, les Polonais se sont montrés bien plus efficaces que leurs collègues français. Ceux-ci donnèrent comme excuse leur gueule de bois matinale dont les Polonais n'avaient pas souffert (suite au même genre de soirée pourtant). Ce à quoi l'Empereur répondit : - "Alors, Messieurs, sachez être saouls comme des Polonais ! "

    A noter que vu le rôle de la Pologne dans l'actualité européenne en ce moment, on peut maintenant dire " saouler comme un Polonais "...


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    Une petite présentation d'un autre spectacle ; encore une fois les liens mènent aux photos (également disponibles dans le dernier album).

     

    Mutabor de la compagnie russe Wedrujace Lalki Pana Pezo

    C'était classé dans la catégorie " théâtre " mais la frontière est plutôt mince avec le cirque ou en tout cas, le nouveau cirque. Vous allez me dire : kezako ? quelle est la différence avec l'ancien cirque ? Vous allez comprendre...

    Comme dans les cirques traditionnels, on retrouve les personnages habituels : les clowns (avec le classique des tartes à la crème), Monsieur Loyal, l'acrobate (à qui des interventions extérieurs font rater ses numéros), les musiciens, un personnage fort étrange et les animaux dressés.

    Mais c'est là qu'est toute la différence: les numéros de dressage... Dans les spectacles de nouveau cirque, pas de bête maltraitée, menacée ou " Pavlovée ". Dans un spectacle que j'ai pu voir il y a quelques mois à Calais, les animaux étaient remplacés par des objets tels que tonneaux, trapèzes ou autres. Ici, c'étaient plus simplement des faux, c'est-à-dire des jouets, comme pour le chien, ou des costumes, pour le dressage des lions ou pour le clou du spectacle (ou ici ou ici ou ici).

    Comme dans beaucoup de spectacles de rue, le public est mis à contribution à des degrés divers : on commence par se faire arroser de sciure (c'est la partie la moins sympa), on a l'occasion de jouer avec un énorme ballon gonflable, une personne est choisie pour dessiner une maison sur le fond du décor (maison qui sera utilisée par les artistes pour entrer en scène), on reçoit pendant l'entracte de la barbapapa (en coton) ou du pop-corn (en polystyrène) et la partie la plus impliquante, une personne, ma voisine en l'occurrence (ouf, j'ai eu chaud), est choisie pour participer à un numéro de monocycle. Et quand je dis " participer ", c'est monter sur la machine et non juste regarder. En plus, pour être sûrs qu'elle n'en descende pas en route, ils lui on scotché les pieds aux pédales... Un brin sadique, mais heureusement ils ne l'ont pas lâchée. Enfin, moi, je me sentais mieux assise à ma place...

    En conclusion, c'était vraiment un bon spectacle (sinon je n'en parlerai pas autant), une énorme bouffée d'oxygène. Moi qui ne suis allée qu'une fois au cirque étant petite, et ce n'était qu'un tout petit cirque qui m'avait beaucoup déçue, encore une fois, je suis retombée en enfance. On ne s'ennuie pas un instant, les scènes s'enchaînent et ne se ressemblent pas ; l'humour a beau ne pas être des plus sophistiqués, on rigole franchement.

    Juste une chose un peu gênante pour moi, en tant que française : le choix d'une des musiques. Ils font chanter à Monsieur Loyal, pour l'air de cirque évidemment, la chanson La Muette à Drancy (de la Rue de la muette). Mais quand on comprend les paroles (ce qui n'est le cas que des francophones), ça fait vraiment bizarre dans cette ambiance de fête. Mais ce n'est qu'un petit bémol qu'on oublie bien vite en se laissant prendre par la féerie du moment.

     

    Un nouveau petit jeu : Vous ne trouvez pas que les lions ont vraiment un air bizarre ? Si vous trouvez comment ils sont réalisés, vous gagnez le droit de venir l'année prochaine pour l'édition 2008 du festival...

    Encore quelques photos d'une autre personne ici ou ici

     Et si quelqu'un connait un lien pour mettre la chanson en entier ...

     

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